Chanson douce - SLIMANI Leila

Couverture Chanson doucePrix Goncourt 2016 - Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Biographie de l'auteur

Leïla Slimani, née en 1981 à Rabat (Maroc) est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Sa mère est franco-algérienne et médecin ORL. Son père Othman Slimani est un banquier marocain. Elève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d'expression française. En 1999, elle vient à Paris. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe).
Elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. Pendant quatre ans, son travail de reporter lui permet d'assouvir sa passion pour les voyages, les rencontres et la découverte du monde. En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, "Dans le jardin de l'ogre". Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique et l'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014.
Son deuxième roman, "Chanson douce", obtient le prix Goncourt 2016.
Leïla Slimani se consacre aujourd'hui principalement à l'écriture.


Date première édition: août 2016

Editeur: Gallimard

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7.50 / 10 (4 notes)

Enregistré le: 19 novembre 2016



Michel-Henri
Appréciation de lecture
Chanson douce
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #4 du : 21 octobre 2018
Nous sommes dans l’atroce dès les premières pages. On pourrait se dire que le plus dur est passé, que nous allons maintenant vers une description, une explicitation du drame mais non finalement. Puisque justement on connaît la fin horrible, cette chanson douce déroulée au long du livre nous fait grimper dans l’angoisse. C’est un peu comme ces comptines enfantines dans les films d’horreur où des paroles innocentes se transforment en lancinant récitatif de l’épouvante.
Leïla Slimani maîtrise parfaitement son écriture, presque trop bien. C’est parfaitement peigné, pas une once d’hésitation qui pourrait faire naître chez le lecteur un possibilité d’échappatoire, nous sommes mené tambour battant vers la fin inéluctable. Comme dans une course où ne pourrions ralentir, il nous faut lire jusqu’à en perdre le souffle.
D’autre part au-delà de l’intrigue crue, l’auteure nous dépeint la société telle qu’elle est. Une certaine société, celles des trentenaires et quadras parisiens, recrus de travail, d’entre-soi et d’argent et qui frôlent sans le fréquenter cet autre monde fait de misère, de gens à la rue, de petits boulots et de loyers beaucoup trop chers. Ils sont délicats ces bourgeois, ils cachent leur aisance pour ne pas « se la péter », ne pas donner de complexes au petit peuple mais nul ne songerait à partager.
Autre temps autres mœurs mais on pourrait rapprocher cet infanticide du meurtre de Cécile Grégoire par le grand-père Maheu dans Germinal. Vincent Maheu ne tue pas une jeune fille mais il tue le monstre froid de la société qui l’a lui-même dévoré. Louise aussi est une victime.
Michel G.
Appréciation de lecture
Chanson douce
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #3 du : 20 janvier 2017
"des éclats de poésie ténébreuse" dixit la 4 ème de couverture, rien que ça !
Comme dans beaucoup de romans actuellement, le drame est connu dès le début . L'histoire se déroule habilement avec des retours en arrière afin de mieux comprendre ou d'appréhender le caractère des différents personnages et l'évolution de leur pensée ou action. Jusqu'au drame.
Mais de là à prétendre que parmi les 5 ou 600 romans de la rentrée c'est celui-ci qui méritait le Goncourt il y a un (grand) pas que je ne franchirai pas....
Marie-Claire
Appréciation de lecture
Chanson douce
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #2 du : 19 décembre 2016
Le roman s'ouvre sur une scène terrible: les deux enfants sont morts, tués par leur nourrice qui a tenté de se suicider. Il s'agit de l'épilogue d'une histoire au début assez banale, celle d'un couple qui a engagé une nounou parfaite, leur relation commence sous les meilleurs auspices, sans rien d'inquiétant.
C'est donc un roman à suspense, mais sans révélation: l'auteur laisse deviner peu à peu les failles du personnage principal.Avec son écriture précise , presque clinique, elle dévoile , non pas la psychologie de la nourrice , mais l'ambiguïté des relations entre patrons et employés , tout ce qui n'est pas dit , tout ce qui se joue dans des relations sociales apparemment sans heurt.
Un très bon roman dérangeant
MB
Appréciation de lecture
Chanson douce
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #1 du : 20 novembre 2016
Oui ce livre a eu les honneurs du Goncourt. L'écriture est précise, juste, fluide. Nous sommes informés du double drame au début du livre. Cependant ce qui m'a plutôt ennuyée est le manque d'explication de la maladie de Louise l'employée modèle qui vit dans la solitude, pour justifier en partie son geste :

"...puis Louise est arrivée. ...ce fut une évidence comme un coup de foudre amoureux"
pour le couple en recherche d'une nounou pouvant les accompagner dans l'éducation de leurs enfants.

"son visage est comme une mer paisible, dont personne ne pouvait soupçonner les abysses".

Son engagement complet passe par l' intrusion complète et quotidienne dans la vie de la famille ; elle en connaît les travers, les joies, les secrets...Les deux parents pour lesquels le travail est une drogue laissent toute latitude à leur employée pour éduquer leurs deux enfants -enfants-rois-

"Louise ne parvient plus à trouver de consolation auprès des enfants" "Louise rit moins, elle met peu d'entrain dans les parties de petits chevaux ou dans les batailles de coussins. Elle adore pourtant ces deux enfants qu'elle passe des heures à observer."

"Louise n'en peut plus. Elle n'a plus d'indulgence pour les pleurs, les caprices, les joies hystériques. Il lui prend parfois l'envie de poser ses doigts autour du cou d'Adam, et le secouer jusqu'à ce qu'il s'évanouisse".

Cette "GUERRE DES CLASSES" où on constate l'existence de rapports de dominant à dominé, une certaine condescendance de la part des parents, l'asservissement de l'employée, m'a rappelé le film de Cl. Chabrol 'la cérémonie'.

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