La demande - DESBORDES Michèle

Couverture La demande

Prix Jean Giono 1999. Quand il arrive en France à la fin de sa vie, Léonard de Vinci est loin de jouir de la réputation qui est la sienne aujourd'hui. De son œuvre de peintre, presque rien ne subsiste. Les fresques qui ont fait sa gloire ont déjà disparu de son vivant à cause d'une mauvaise conservation de pigments expérimentaux. Il ne lui reste que quelques toiles, dont La Joconde, qu'il apporte avec lui sur les bords de la Loire où il va vivre ses derniers jours à l'invitation du roi de France. Michèle Desbordes ne cite jamais le nom de Léonard de Vinci. On ne peut s'empêcher pourtant de voir en lui le héros de La Demande, ce vieux peintre italien, exilé loin de son pays. On lui a attribué une servante efficace et dévouée, si discrète qu'il ne la remarque même pas. Entre ces deux êtres si différents se noue peu à peu une étonnante relation, à la fois apaisée et intense. Le paysage des bords de Loire (le fleuve plus qu'un décor est ici un personnage) superbement évoqué et une méditation sereine sur le temps se mêlent étroitement, restituant de manière saisissante cette "douceur angevine" si chère aux poètes de la Renaissance.

Biographie de l'auteur

Michèle Desbordes (1940-2006) est née à Saint Cyr-en-val et a grandit à Orléans. À l’issue d’études littéraires en Sorbonne, elle devient conservateur de bibliothèques. Elle exerce d’abord dans des universités parisiennes, puis en Guadeloupe en lecture publique. En 1994, elle est nommée directrice de la Bibliothèque de l’université d’Orléans. Elle décède en janvier 2006 à Beaugency en Sologne.

Date première édition: octobre 1998

Editeur: Verdier

Genre: Roman , Roman historique

Mots clés :

Notre avis : 9 / 10 (1 note)

Enregistré le: 02 janvier 2021



MB
Appréciation de lecture
La demande
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #1 du : 29 janvier 2021
Magnifique !

Je l'ai relu et ai été emportée à nouveau par le style sobre, élégant... et la justesse de la description des bords de la Loire, en toutes saisons

Il s'agit tout au long de ce petit livre de la rencontre entre ce peintre vieillissant et cette servante qu'on lui a attribuée afin de jouer le rôle de gouvernante

Sa "demande" est bien humble mais le Maître ne pourra la satisfaire

Il y a tant de phrases justes et mélodieuses, apportant une grande quiétude, qu'il est difficile de faire un choix !

Extraits :... "d'un imperceptible glissement des hanches dans un bruit d'étoffes rêches elle s'inclinait devant eux.
Un dernier rayon de soleil effleurait le sol, juste devant le foyer un étroit, tranquille faisceau de lumière blonde, une douceur, une paix dans la tombée du jour, ... quand l'heure venait de les servir elle se retournait et disait doucement 'Messer', d'un appui du poing sur la jambe il se levait et suivi des élèves s'approchait de la table"

..."par la fenêtre il la voyait s'éloigner vers le fond du parc.
Elle descendait laver le linge à la rivière et n'attendait pas que les paniers soient pleins.
Comme pour le plaisir.
Elle marchait avec une vaillance qui faisait penser au bonheur...
Le soleil montait dans le ciel, irisait la brume au-dessus des frondaisons...

"Son travail achevé et la table dressée elle s'asseyait, elle attendait qu'eux-mêmes soient prêts à souper, le feu faisait briller les yeux, colorait le visage, la peau blonde qui se flétrissait aux paupières... Elle était là sans être là, il ignorait à quoi elle pensait...

"Ils entraient dans l'hiver, dans la tristesse
Il allait falloir attendre une fois encore
Les signes de douceur, le bleu dans le ciel et le soleil qui chaufferait les pierres.
Le soir elle restait plus longtemps assise près des fenêtres à se taire et regarder au-dehors, croiser et décroiser les mains dans le creux des jupes. Il se disait que chaque soir depuis qu'elle servait dans les maisons du fleuve elle s'était assise près des fenêtres... avec ces choses à dire qu'elle ne dirait pas et ne dirait jamais, les taisant et montrant qu'elle les taisait dans des silences amers, comme si les taire et montrer qu'elle les taisait appartenait à la tristesse et à la solitude, au gris infini, au temps interminable, pensant aux malheurs du temps, à la vie difficile"...

Une lecture apaisante

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