Le discours - CARO Fabrice

Couverture Le discours

« Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie. » C’est le début d’un dîner de famille pendant lequel Adrien, la quarantaine déprimée, attend désespérément une réponse au message qu’il vient d’envoyer à son ex.
Entre le gratin dauphinois et les amorces de discours, toutes plus absurdes les unes que les autres, se dessine un itinéraire sentimental touchant et désabusé, digne des meilleures comédies romantiques.
Un récit savamment construit où le rire le dispute à l’émotion.

Biographie de l'auteur

Fabrice Caro, né en 1973, dit Fabcaro, est un auteur français de bandes dessinées et de romans.
Après des études scientifiques, il se destine tout d'abord au professorat puis décide à partir de 1996 de vivre de son art. Il travaille pour la presse ou l’édition, pour différentes revues de bande dessinée telles : FLBLB, Psikopat, Jade, Tchô !, L’Echo des Savanes, Zoo et CQFD.
Il est également musicien, auteur-compositeur et chanteur. Il est à l'origine, dès 1994, du groupe rock Hari Om et a ensuite réalisé un album-concept auto-produit "Les Amants de la rue Sinistrose" (1999).
Il a publié chez des petits éditeurs comme La Cafetière ou 6 Pieds sous terre des ouvrages plein d’humour ou il passe à la moulinette le comportement de ses contemporains, sans oublier de s’égratigner en premier lieu.
À partir de 2005, il participe à différents collectifs dont ceux édités par 6 Pieds sous Terre, et s'affirme, notamment chez La Cafetière, en tant qu'auteur complet.
Il est aussi l’auteur d’un roman publié en 2006 chez Gallimard, "Figurec", dans la prestigieuse collection Blanche. "Figurec" a fait l’objet d’une adaptation en bandes dessinées (Casterman 2007), dessins de Christian De Metter.
Fab est le pseudonyme sous lequel Fabcaro a signé plusieurs scénarios et travaux de commandes, principalement pour les éditions Jungle.
Il obtient en 2015 le Prix Landerneau BD "Coup de cœur", créé spécialement par Philippe Geluck, pour l'album "Zaï, Zaï, Zaï, Zaï" (2015), ainsi que le prix SNCF du polar 2016, le prix des libraires de bande dessinée 2016, le Prix Ouest France quai des bulles 2015 et le Grand prix de la critique 2015.
En 2016, il écrit le scénario des nouvelles aventures de Gai-Luron dessinés par Pixel vengeur (Fluide glacial).

Date première édition: octobre 2018

Editeur: Folio

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 07 août 2020



MB
Appréciation de lecture
Le discours
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #2 du : 21 septembre 2020
J'ai parfois ri et souvent été perplexe devant l'immense mal-être d'Adrien qui se sent acculé à l'idée de prononcer ce discours. Il imagine un empêchement : "qu'est-ce qui peut entraîner l'annulation d'un mariage ? Le décès d'un des futurs époux, voire des deux, dans un accident de voiture en rentrant de Chauf'Center alors qu'ils étaient allés demander un devis pour le chauffage au sol...mais à part ça ?"

DE PLUS il craint lors de ce mariage de subir LA CHENILLE : "la chenille à laquelle personne ne peut échapper...la chenille est impitoyable, elle n'épargne personne, nous sommes là pour nous amuser...véritable machine à broyer les orgueils, on ne sait pas trop quoi faire de ses pieds...si on marche c'est pire que tout...une grand-tante un peu ivre vous tient fermement par les épaules en vous faisant dandiner de gauche à droite...et ça n'en finit jamais...vous-même devez poser vos mains sur les épaules d'un type que vous n'avez jamais vu, sa chemise est trempée de sueur...vous vous posez à cet instant précis des questions sur le sens de la vie, mais c'est trop tard, vous êtes déjà prisonnier, en voiture les voyageurs"

Il lui arrive parfois des événements qui pour lui prennent une importance démesurée !..."ma sœur me tend la boîte de chocolats, je ne sais jamais lequel choisir...et cette décision dérisoire...prend chez moi des proportions absurdes j'ai la sensation de me trouver face à un choix décisif de ma vie...J'en prends un qui me semble attrayant, le croque et me fige. C'est le chocolat avec ce truc blanc immonde à l'intérieur...je suis maudit...quel cerveau malade s'est dit un matin en se levant 'tiens et si on mettait un truc blanc à l'intérieur qui n'a rien à voir avec le chocolat...que personne n'aime et qui suscitera une subite lassitude existentielle ?'"

Il y a beaucoup de gravité dans l'histoire de cet homme qui n'y 'arrive pas' avec les siens, avec Sonia qui 'fait une pause', avec les élèves qui s'arrangeaient pour ne pas le choisir dans leur équipe de foot : "oh non c'est vous qui le prenez aujourd'hui, nous on l'a déjà eu hier !"...très vite des transactions se mettaient en place: "ok on le prend mais on part avec un but d'avance." J'étais un précurseur des transferts sportifs, un mercato négatif"

En fait c'est un "anti-héros" généralement mal dans sa peau ?
Gislaine
Appréciation de lecture
Le discours
Appréciation : 7,5 / 10
Commentaire #1 du : 12 août 2020
Ce roman raconte un diner familial et toutes les conventions familiales qui l'accompagnent.
Mais Adrien 40 ans est mal dans sa peau (Sonia a décidé de s'accorder une pause dans leur relation) et justement c'est à ce moment-là que son futur beau-frère lui demande de faire un discours lors de leur mariage (qui ferait tant plaisir à sa sœur).

Alors là, trop c'est trop ! C'est l'impasse. Tout se bouscule dans sa tête. Adrien le dépressif passe en revue tout ce qui ne va pas chez lui. Son monologue intérieur est hilarant et plein de subtilités. J'ai beaucoup ri au début, puis peu à peu je me suis détachée du pauvre Adrien qui n'arrive pas à faire surface !

Un bel exercice de la part de l'auteur : humour, dérision, observation, ironie, analyse de l'absurde !
Une lecture agréable avec néanmoins une pointe de tristesse.

Extraits :
Dans les repas de famille, par ma faute, nous avons toujours été un nombre impair à table. Je suis celui qui ne vient pas par deux, je ne suis qu'une moitié d'entité. Quand j'arrive, on jette un coup d’œil furtif par-dessus mon épaule pour vérifier qu'il n'en manque pas un morceau. Voilà : j'ai toujours été impair. A cause de moi, on a du mal à couper le gâteau...

Coucou Sonia, j’espère que tu vas bien, bisous ! Que répondre à ça ? Il n’y a rien à répondre puisque je ne demande rien, je me contente d’espérer, voilà, j’espère qu’elle va bien mais je ne le lui demande pas explicitement. J’espère. Le verbe le plus fermé qui soit.

J'ai quarante ans et j'achète des Tic Tac pour cacher à mes parents que je fume, voilà où on en est.

On parle de chauffage au sol, de vacances en Sardaigne, de Jean-François, le fils du voisin, qui a fait construire, tu entends ça Adrien, il a fait CONSTRUIRE. Pour ma mère, le monde se divise en trois catégories : ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière.

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