La Fille sans qualités - ZEH Juli

Couverture La Fille sans qualités

Au début des années 2000, dans un lycée allemand de la dernière chance, le jeu pervers de deux élèves s'est terminé dans un bain de sang. L'avocate à laquelle on confie l'affaire est bouleversée, tant elle a du mal à juger cet acte. Elle entreprend alors d'écrire l'histoire des trois protagonistes, leur rencontre, les prémices du jeu, son déroulement jusqu'à l'irruption de la violence. Ada (quatorze ans) et Alev (dix-huit ans) sont nés pendant la guerre du Golfe ; ils étaient enfants pendant la guerre des Balkans et au moment du 11 Septembre. Les images du conflit en Irak ainsi que celles de l'attaque terroriste de Madrid ont accompagné leur adolescence. Cantonnés dans leur monde de confort, leurs parents ignorent tout de ce qui se passe dans l'esprit de leurs enfants - terrain d'exploration de la romancière. Leur attirance pour les jeux de rôle, les drogues, une musique apocalyptique et des comportements maléfiques, d'où vient-elle ? Ada, enfant autoproclamé du nihilisme, se désigne elle-même comme un "prototype" incarnant l'air du temps, une "fille sans qualités", sans identité, et qui ne cherche qu'à se comporter avec la plus grande efficacité possible. Ce roman ambitieux et parfaitement maîtrisé sur la détresse d'une certaine jeunesse a immédiatement propulsé son auteur sur le devant de la scène littéraire allemande.

Biographie de l’auteur

Juli Zeh est née en 1974 à Bonn. Sa formation juridique (elle est avocate de droit international) l'a amenée à séjourner aux Etats-Unis mais aussi dans de nombreux pays d'Europe centrale et balkanique tels que la Pologne, la Croatie et la Bosnie. En 2001, elle signe avec L'Aigle et l'Ange, son premier roman, traduit depuis en plus de vingt langues. A ce jour, Juli Zeh compte sept ouvrages à son actif. Plusieurs distinctions ont couronné son œuvre d'essayiste et de romancière. En mars 2006, l'adaptation scénique de La Fille sans qualités donnée à Hambourg a été unanimement saluée. Juli Zeh vit actuellement entre Leipzig et la Pologne, où elle enseigne la littérature.

Date première édition: mai 2007

Editeur: Actes Sud

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8.67 / 10 (3 notes)

Enregistré le: 05 octobre 2010



Michel-henri
Appréciation de lecture
La Fille sans qualités
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #3 du : 03 novembre 2010
Contre (écrit « à chaud »:
Je suis assez perplexe devant ce roman. Il présente certes des qualités littéraires indéniables mais je suis resté plutôt sceptique sur la parti pris par l'auteure de faire de l'adolescence le révélateur d'une époque.
L'héroïne bien que surdouée n'est absolument pas crédible dans son rôle de sage revenue de tout et ayant tout compris des ressorts du monde. Les adultes (et la plupart des autres jeunes) sont soit des crétins, soit complètement flippés, soit des indécrottables idéalistes. Ce que je déplore c'est que l'auteure sous prétexte que nous sommes à une époque où « on ne peut plus décemment croire à quelque chose », nous donne justement à lire un roman à thèse, thèse à laquelle nous sommes sensé adhérer pour rentrer dans l'histoire. J'ai vu un critique qui faisait un parallèle avec Lolita. Et bien Nabokov ne prétend absolument pas nous donner une leçon de sociologie ou de morale sur une époque. Il dissèque uniquement la psychologie de ses personnages dans une situation particulière.

Juli Zeh nous assène également des paradigmes .pseudo philosophiques et plus grave elle adopte une position a-historique où nous vivrions une époque vraiment différente des précédentes. On sent derrière tout cela les théories sur la soi-disant fin de l'histoire. C'est certain que notre époque présente des particularités bien intéressantes qu'il convient d'étudier. Mais cessons de prendre le point de vue des adolescents pour qui évidemment tout monde qui les a précédés, est forcément vieux et obsolète. Eux ont sans doute besoin de voir les choses sous cet angle pour grandir. Mais quand un adulte prend ce point de vue, cela semble au mieux prétentieux ou le plus souvent pathétique.

En fin de compte ce qui me choque le plus c'est peut-être ce sérieux de l'auteure qui ne se sert jamais du recul de l'humour et de la dérision dans ces propos. Ce roman est incroyablement « sérieux ».

Pour (après « digestion ») :
Ce roman m'a plus marqué que je ne l'aurais de prime abord pensé et je bien que je ne renie rien de ce que j'ai écrit, je dois dire qu'il a provoqué chez moi un émoi qui au fil du temps s'est transformé en réflexion philosophique – n'est-ce pas le propre d'un bon roman ? – et malgré ses maladresses il possède suffisamment de qualité pour que j'en fasse un peu l'éloge.

D'abord c'est relativement bien écrit et surtout bien construit. Il n'y a pas de temps mort. Le personnage si agaçant de Ada prend pourtant une consistance inouïe si on gomme son côté caricatural pour ne garder que l'archétype d'une certaine époque. Il ne s'agir même pas ici de sa jeunesse puisque l'auteure au fond nous parle de la vieillesse d'un monde. Il n'y a plus de rites dans ce monde au sens où rien ne vient faire le passage entre le trivial et le sacré puisque le sacré a disparu depuis longtemps. Alors une intelligence extraordinaire réinvente des rites mais qui tournent à vide. Ada n'est plus une adolescente mais un produit déjà vieilli de notre vieux monde. Les rites qu'elle invente avec son complice (beaucoup moins convaincant) tourne autour de la sexualité. Comme si elle jouait à vouloir retrouver un élan vital qu'elle sait à jamais perdu.
Finalement le sérieux du livre que je dénonçait précédemment participe aussi de ses qualité. Il est la traduction de ce sens germanique du tragique. Il faut admirer ce goût et ce sens du tragique qui permet de lire une vie comme un destin, une ligne intangible.

Alors en dehors des considérations de philosophie et d'histoire trop générale, attachons nous au destin de ces personnages qui nous racontent notre époque.
Astrid
Appréciation de lecture
La Fille sans qualités
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #2 du : 01 novembre 2010
Ada est une adolescente de 14 ans brillante voire surdouée mais portant sur notre société un regard désabusé et cynique.
Elle rencontre Alev, 18 ans, lui aussi surdoué, qui l’entraîne très subtilement dans un jeu sombre où la manipulation est reine et dont les règles sont détenues par les adolescents. Leur cible : les adultes et plus encore leur prof de sports.

Un roman complexe, ardu mais dont on se détache difficilement.

On pourrait retirer de ce livre de nombreuses phrases illustrant le personnage d'Ada. J'ai retenu celle-ci :
"Avant que ne surgisse dans la vie d'Ada quelqu'un qui saurait faire travailler la scierie qu'elle portait dans sa tête mieux q'un livre n'avait jamais pu le faire, avant que cette rencontre ne la contraigne à quitter le monde de la littérature pour le prétendu monde réel, avant que finalement tout ne change, une année supplémentaire devait s'écouler durant laquelle il devait arriver une foule de choses qui ne touchèrent Ada que de manière originale."
Pascale L.
Appréciation de lecture
La Fille sans qualités
Appréciation : 9 / 10
Commentaire #1 du : 25 octobre 2010
Un livre impressionnant et impressionniste : par petites touches, tranquillement, avec des détails qui sont loin d'être superflus, l'intrigue se construit, les personnages prennent forme, leur psychologie s'approfondit et le tout, tranquillement mais surement, devient impressionant !
Le résumé de la 4ème de couverture ne reflète pas, à mon avis, la richesse du livre, voire induit en erreur (il n'y a pas vraiment de bain de sang !). L'auteur raconte la construction de la perversité et d'une manipulation chez deux jeunes, un garçon de 18 ans et une jeune fille de 14 ans, surdoués, "sur-cultivés", envers le monde des adultes et surtout un prof de sports.
Mais, c'est aussi et peut-être surtout une réflexion philosophique sur notre monde d'aujourd'hui, avec ses violences, ses impasses et ses faux-semblants, vu par deux jeunes adolescents de notre Europe d'aujourd'hui.
La fin est magistrale et nous apporte les éléments de compréhension du personnage d'Ada

Seulement 9 ? il manque à mon avis, les rouages psychologiques qui poussent Alev à agir ainsi ! Mais c'est un livre qui ne se laisse pas oublier, à la fois par son thème et par son traitement... et certaines phrases me restent en mémoire, longtemps après !

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