L'immigration : l'école
Enfants de l’immigration : une chance pour l’école
Rose Marie MORO
Extrait : « fille d’espagnols, vous êtes arrivée dans les ARDENNES à l’âge de 9 mois – quel a été votre premier contact avec l’école ?? ». ( début des années 1960).
MRM : un contact pour le moins violent – j’ai effectué un bref passage en grande section de maternelle quelques jours tout au plus – mon père avait expliqué à l’institutrice qu’ayant grandi dans une famille où l’on ne parlait que l’espagnol, je ne maîtrisais pas le français.
Mais avait – il insisté, il était convaincu que j’allais apprendre très vite cette langue.
J’avais hâte d’aller en classe – dans les heures qui ont suivi mon arrivée à l’école maternelle, la maîtresse nous a proposé un jeu qui consistait à reconnaître les couleurs. Lorsqu’elle prononçait le mot « rouge », les enfants devaient courir vers un objet « rouge ». Lorsqu’elle annonçait « bleu », il fallait se diriger vers un autre point de la classe.
En réalité je ne comprenais pas ce qu’elle disait.
Elle parlait beaucoup pour donner une explication simple et je me souviens que dans ma tête d’enfant, je saisissais très bien que mes camarades se déplaçaient vers le rouge ou le bleu.
Mais je refusais à la suivre bêtement, je ne voulais pas cette notion de facilité, je voulais comprendre, j’avais juste besoin de temps.
Et je restais là statique à essayer de capter les mots, quand je reçus une gifle monumentale.
Par malentendu, l’institutrice interprétait sans doute mon attitude comme un refus, une opposition. J’ai trouvé ce geste injuste, sans explications et je me suis dit que ça n’arriverait plus jamais.
Je venais de comprendre qu’à l’école, il fallait « comprendre » tout de suite , je venais de subir en classe, une violence sans doute familière à beaucoup d’enfants de migrants.
l'école : texte tiré de CHER PAYS DE MON ENFANCE (paroles de déracinés) écrit par José Maria sur l'apprentissage du français
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