Mont-Plaisant - NGANANG Patrice

Couverture Mont-Plaisant

Prix des cinq continents de la Francophonie 2011, Mention spéciale du jury. 

En 1931, Sara arrive au Mont Plaisant, quartier de Yaoundé, offerte en cadeau au sultan Njoya chassé de ses terres du Bamoun par l'occupant français. Elle a 9 ans, a été arrachée à sa mère pour rendre confortable l'exil du sultan. Elle doit rejoindre les 300 femmes de Njoya, lorsque des circonstances imprévues poussent la matrone qui l'y prépare à la travestir en garçon, et c'est désormais sous le nom de Nebu que Sara va vivre à la cour, tandis que les nations se préparent à la Seconde Guerre mondiale.
Soixante-dix ans plus tard, Bertha, une jeune Camerounaise étudiant aux États-Unis, rentre au pays et rencontre Sara, maintenant âgée. Le dialogue entre les deux femmes raconte l'histoire du Cameroun dans l'entre-deux-guerres, en révélant d'incroyables personnages. Tout d'abord Njoya lui-même, homme d'une grande curiosité scientifique, inventeur d'un alphabet, entouré d'une colonie d'artistes, qui s'évertue à faire prospérer l'art raffiné de son peuple.
On croise aussi Joseph Ngono, professeur de langues africaines à l'université de Berlin en 1913, qui, face à la difficulté de vivre dans une Allemagne en guerre, décide de rentrer au Cameroun, où sa déception est cruelle. Joseph qui est aussi le père de Sara. Finalement est aussi narré le destin du vrai Nebu - celui que Sara a remplacé : un sculpteur qui aimait une femme inaccessible et transformait ses rêves en statues d'une beauté parfaite. Nebu, dont la fin tragique donne à sa mère le désir de le remplacer par Sara.
Alors que la narratrice Bertha reconstitue ces différentes vies, elle nous emmène au cours des conflits en Afrique entre Français, Anglais et Allemands durant la première moitié du 20e siècle - conflits ayant eu des répercussions considérables sur les sociétés africaines.
Un roman total, ambitieux, magistralement construit et écrit, sur l'amour, le pouvoir, la petite histoire victime de la grande, le colonialisme, la beauté de la civilisation bamoun, la vitalité de ses artistes, la tragédie de son déclin. Un beau portrait de femme aussi, car la lumière de ce récit demeure le regard de cette petite fille de 9 ans que Sara, même très âgée, continue à porter sur ce monde complexe qu'elle a si bien su comprendre à sa manière.

Biographie de l'auteur

Patrice Nganang (1970), est né à Yaoundé au Cameroun. Il est romancier, poète et essayiste, écrivant avec autant de facilité en français, en anglais et en allemand. Il enseigne la théorie littéraire à l'Université d'État de New York.
Son roman Temps de chien (Le Serpent à plumes, 2001) a reçu le prix Marguerite Yourcenar et le Grand Prix de la littérature d'Afrique noire en 2003. Parmi ses autres titres : La joie de vivre (Le Serpent à plumes, 2003) et L'invention d’un beau regard (Gallimard, 2004) et Manifeste d’une nouvelle littérature africaine (Homnisphères, 2007).
Mont Plaisant publié en 2011 a reçu la mention spéciale du Jury, Prix des cinq continents de la Francophonie en 2011.

Date première édition: janvier 2011

Editeur: Philippe Rey

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7 / 10 (1 note)

Enregistré le: 02 août 2021



Gislaine
Appréciation de lecture
Mont-Plaisant
Appréciation : 7,5 / 10
Commentaire #1 du : 12 août 2021
Un romancier n'est pas un historien.
Cependant, Patrice Nganang, avec une plume majestueuse, nous conte la fin du règne du Sultan Njoya (1887-1933).

Ce sultan était un homme très érudit et innovateur. Il a vécu, en bonne intelligence, sous la colonisation allemande (jusqu'en 1916) contrairement à la colonisation française.
Ce sultan (17e roi de la lignée Bamoum) s'est entouré d'artistes et de savants. Il a cartographié son royaume, crée une nouvelle écriture, recensé les plantes médicinales, innové en architecture, développé des fermes expérimentales. Il a inventé une religion syncrétique.
Il avait plusieurs centaines de femmes, celles-ci étaient plus ou moins indépendantes et pouvaient faire du commerce.

En nous contant l'histoire d'un sculpteur à la cour, Patrice Nganang, nous présente un volet de l'histoire du Cameroun.
Le lecteur fait la connaissance de Charles Atangana dernier grand chef de l'ethnie des Ewondos, du missionnaire allemand Gohring, de Claude Prestat (gouverneur français) ...

Foumban était la capitale et le palais existe toujours. https://fr.wikipedia.org/wiki/Foumban.
Vers 1930, les Français l'exilent à Yaoundé dans le palais Mont Plaisant.

Un livre fort bien écrit et instructif malgré quelques longueurs.

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