Sauvagerie - BALLARD J.G.

Couverture Sauvagerie

Pangbourne Village est un enclos résidentiel de luxe près de Londres, où une dizaine de familles aisées - directeurs généraux, financiers, magnats de la télé - vivent en parfaite harmonie et sécurité. Jusqu'au jour où l'on découvre que tous les enfants viennent d'être kidnappés et leurs parents sauvagement massacrés. Deux mois après les faits, les enlèvements ne sont toujours pas revendiqués. Les enquêteurs sont dans l'impasse. Impuissants, ils se repassent avec effarement la vidéo tournée sur la scène du crime. La froideur méticuleuse des assassinats ajoute à l'impression d'être en présence d'une tuerie hors norme. La police décide de faire appel à un psychiatre, le docteur Richard Greville, pour reprendre l'enquête. Dans ce bref roman magistral - qui rappelle le formidable auteur de nouvelles qu'il est par ailleurs - J.G. Ballard explore les conséquences extrêmes de la logique ultra-sécuritaire.

Biographie de l’auteur

James Graham Ballard, plus connu sous la signature J. G. Ballard, est un écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale britannique né le 15 novembre 1930 à Shanghai en Chine et mort le 19 avril 2009 des suites d'un cancer de la prostate à Londres.

Date première édition: octobre 2008

Editeur: Tristram

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7.40 / 10 (5 notes)

Enregistré le: 01 septembre 2009



Astrid
Appréciation de lecture
Sauvagerie
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #5 du : 03 novembre 2009
un court roman au style quasi journalistique où le narrateur, un psychiatre, cherche à comprendre comment , dans une résidence chic et ultra sécurisée, des enfants ont pu disparaitre mystérieusement et leurs parents être sauvagement assassinés.

L'auteur nous amène par son écrit à réfléchir  sur notre société actuelle  (et future) où une sécurisation exagérée, la quête de l'idéal peuvent finalement  aboutir à  l'invivable et à l'innomable.
A la fin de ce récit, on ne peut également  que se questionner sur le mode éducatif de ces adultes débordants d'amour et de bienveillance, à la recherche d'une relation sans heurt et frustration avec leurs enfants.
Michel-Henri
Appréciation de lecture
Sauvagerie
Appréciation : 06 / 10
Commentaire #4 du : 07 octobre 2009
Ce court roman vaut moins par ses qualités littéraires et même par sa forme que par la prégnance du thème. En effet nous sommes dans une situation très convenue : un crime horrible, un narrateur auquel la police fait appel avec réticence, un détective blasé. Tous les ingrédients sont là pour un classique thriller. Pourtant dès le début nous sentons que quelque chose cloche. En fait dès les premières pages nous pressentons le dénouement mais nous ne voulons pas y croire.

Il est beaucoup plus facile d'avoir peur de l'autre, de l'ailleurs, du différent voir du déviant. Cette peur là nous évite la véritable angoisse : la peur de nous-même.

Contre cette peur là, les habitants de Pangbourne Village se sont barricadés. Le système de surveillance est là pour empêcher toute intrusion mais, Ballard, nous le dit explicitement, il est également là comme une autocensure pour chacun. Le détective Payne le note : il n'y a pas d'histoire d'adultère à Pangbourne Village à cause des caméras omniprésentes. Tout est lisse dans cet enclos pour riches, même les emplois du temps de chacun sont lissés. Alors cette sauvagerie inhérente à chacun que les adultes ont refusée d'assumer, cette part d'ombre, il sera donné aux enfant de la porter. N'est-ce pas transparent dans le nom de cette geôle dorée, déformation de « pang born » qu'on pourrait traduire par « douleur portée » ?

L'univers décrit par Ballard me fait penser au « village » (encore un clin d'œil !) du Prisonnier. Qui est libre, qui est prisonnier ? De cette prison là puisqu'elle est intérieure nul moyen d'échapper ou peut-être, Ballard le suggère, par la folie.

Extraits :

« Toutefois, parvenu à la dernière séquence... je fus frappé par la manière dont Pangbourne Village restait étranger à ce jour de mort ? » (p17)

«  La sécurité comptait énormément ici, ça m'obsédait manifestement. La maison relaie donc les images des moniteurs de l'entrée ?
« - Chaque maison de Pangbourne Village. » Le ton de Payne était bizarre, mais très sérieux. « Au rez-de-chaussée comme à l'étage. Au moins, on sait pourquoi il n'y avait pas d'adultère ici. Mais pensez aux enfants épiés à toute heure du jour et de la nuit. Alcatraz junior version affectueuse... »
(p 49 - 50)
Dernière édition : 07 octobre 2009, 12:10:43 par gislaine  
Gislaine
Appréciation de lecture
Sauvagerie
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #3 du : 21 septembre 2009
Dans une cité luxueuse de Londres, tous les enfants ont disparu et leurs parents ont été retrouvés farouchement assassinés.

Comment un tel carnage est-il possible alors que la résidence est entièrement sous vidéo-surveillance ?
Tout a été pensé, sécurisé et harmonisé, mais cette vie n'est-elle pas en fait programmée, enregistrée, policée, hiérarchisée ?

Cette question est d''actualité, alors que la vie quotidienne d'une majorité de citadins est sous haute surveillance pour leur plus grande sécurité ...
Dernière édition : 22 septembre 2009, 00:05:57 par gislaine  
Jérémie
Appréciation de lecture
Sauvagerie
Appréciation : 9,5 / 10
Commentaire #2 du : 02 septembre 2009
RESUME :
l'auteur est mort en 2009. l'occasion de relire ou découvrir son oeuvre d'anticipation, adaptée parfois au cinéma (L'Empire du Soleil, Crash).
Premièrement édité sous le titre "Le Massacre de Pangbourne" en 1992, réédité en 2008 sous le titre "Sauvagerie", ce livre décrit un fait divers imaginaire ayant pour cadre la banlieue chic de Londres (mais cela pourrait être partout ailleurs en Occident du moment que l'on ne parle plus aux voisins sauf quand le digicode ou l'ascenseur est en panne), dans une résidence vidéosurveillée où des familles vivent "idéalement" : tous les jours, les enfants suivent des programmes d'activité organisés par leurs parents, compréhensifs, luttant contre l'oisiveté, leur faisant découvrir le kayak, le débat d'idées etc.
Sauf qu'un jour, à quelques heures d'un documentaire télévisé qui devait être tourné à Pangbourne, les parents sont sauvagement assassinés, l'un écrabouillé par sa propre voiture, l'autre électrocuté dans son bain alors que les enfants restent introuvables. Le psychiatre-narrateur Dr Greville est chargé de l'enquête. Peu à peu, celui-ci, aidé d'un agent de faction de la résidence, découvre que les enfants ont tué leurs propres parents ALORS MEME QUE LES MEDIAS S ECHINENT A REFUSER CETTE THESE EN IMAGINANT TOUTES SORTES D HYPOTHESES PLUS FARFELUES LES UNES QUE LES AUTRES.

CRITIQUE :
C'est peut-être ce déni de la société devant ce qu'elle a elle-même créé qu'il faut retenir.
Quelques phrases résument le diagnostic du Dr Greville : "Et on ne trouvera rien. Les enfants de Pangbourne ne se rebellaient pas contre la haine et la cruauté. L'objet de leur révolte était un despotisme de la bonté. Ils ont tué pour se libérer d'une tyrannie de l'amour et de la gentillesse" ; "ils étouffent sous le régime ininterrompu d'amour et de compréhension qu'on les force à ingurgiter à Pangbourne Village. Une idée de l'enfance inventée par les adultes" ; Les enfants voulaient à tout prix la rudesse des émotions réelles, des parents qui les blâment de temps à autre, sont agacés, impatients, ou même ne les comprennent pas. Ils avaient besoin de parents qui ne s'intéressent pas à tout ce qu'ils font..." (p.77) ; "loin de haïr leurs parents quand ils les ont tués, les enfants de Pangbourne ne voyaient probablement en eux rien de plus que les derniers barreaux à ôter avant d'accéder à la lumière." (p.96).

La nouvelle n'est pas transcendante dans sa construction : décomposée sèchement en plusieurs parties "les faits", "les résidents", les hypothèses", "la reconstitution"
Cependant l'anticipation dont fait preuve l'auteur (qui rappelle certains faits divers où des enfants passent à l'action, croit-on à cause des jeux vidéos...) est fulgurante, magistrale,

ma note sera donc de 9,5/10.
Pascale L.
Appréciation de lecture
Sauvagerie
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #1 du : 02 septembre 2009
Un roman bref, qui nous introduit dans la réflexion d'un psychiatre à propos d'une série de meurtres inexpliqués, perpétrés dans l'une de ces résidences hypersécurisées qui se développent dans les banlieues favorisées ...

L'inexplicable et l'indicible se font jour peu à peu, à la fois grâce au flair d'un policier de base, et grâce à la réflexion de ce médecin psychiatre sur les motivations de tels crimes dans un tel lieu.
C'est bien écrit, on suit le déroulement de la pensée qui refuse d'abord puis accepte ensuite la solution tellement évidente que personne ne peut la voir ! et enfin, la démonstration magistrale du déroulement des faits.
C'est aussi une réflexion sur les "excès" , non seulement de la sécurisation à outrance, mais aussi de l'absence apparente de frustrations, et de la tolérance systématique comme mode relationnel.

Une phrase que je retiendrai : "Dans une société totalement saine, la folie est la seule liberté".

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