La somme de nos folies - KOW Shih-Li

Couverture La somme de nos foliesÀ Lubok Sayong, petite ville au nord de Kuala Lumpur, tout est indéniablement unique. Jusqu’à la topographie, une cuvette entre deux rivières et trois lacs, qui lui vaut chaque année une inondation et son lot d’histoires mémorables.
Cette année-là, exceptionnelle entre toutes, l’impétueuse Beevi décide de rendre enfin la liberté à son poisson qui désespère dans un aquarium trop petit, d’adopter Mary Anne, débarquée sans crier gare de son orphelinat où toutes les filles s’appellent Mary quelque chose, et d’embaucher l’extravagante Miss Boonsidik pour l’aider à tenir la grande demeure à tourelles de feu son père, reconvertie en bed & breakfast…
Le tout livré en alternance et avec force commentaires par la facétieuse Mary Anne et par Auyong, l’ami fidèle, vieux directeur chinois de la conserverie de litchis, qui coulerait des jours paisibles s’il ne devenait l’instigateur héroïque d’une gay pride locale.
La Somme de nos folies est la chronique absolument tendre, libre, drôle, profonde, et volontiers incisive, d’un genre très humain quelque part en Malaisie, aujourd’hui.

  Biographie de l'auteur

Née en 1968 dans la communauté chinoise de Kuala Lumpur, Shih-Li Kow écrit en anglais. Son premier recueil de nouvelles, Ripples and Other Short Stories, publié en 2009, a été finaliste du Prix international Frank O’Connor.
Jouant admirablement du proche et du lointain, du particulier et de l’universel, du vraisemblable et du fabuleux, du sérieux et du cocasse, sa voix singulière défend sans conteste la diversité et l’ouverture – politique, artistique, ou écologique – dans la Malaisie multiculturelle d’aujourd’hui, à travers des figures qu’elle nous rend inoubliables.
La Somme de nos folies est le premier roman de Shih-Li Kow, et c’est un enchantement.

Date première édition: août 2018

Editeur: Zulma

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 04 mars 2019



Michel-Henri
Appréciation de lecture
La somme de nos folies
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 04 mars 2019
Dans ce roman l’auteure nous emmène à la découverte de son pays, le vrai, pas celui des touristes, pas Kuala-Lumpur qui perd peu à peu son âme. Nous sommes là dans un petite ville de province, pas hors du monde non plus mais cette région à encore une âme ou devrais-je dire ces identités multiples qui font la substance de la Malaisie, carrefour d’ethnies, de religions, de langues. Mais pour pouvoir vivre en harmonie les gens apprennent à être tolérant, à respecter l’identité de chacun.
L’intrigue est mince mais assez subtile pour rendre le récit prenant. Et puis l’idée de faire alterner les deux voix, celle du patriarche bon homme et celle de la petite orpheline est excellente. Cela se fait sans pesanteur puisque l’un reprend le récit de l’autre là où il l’avait laissé.
Les deux narrateurs font preuve de beaucoup d’empathie pour leur entourage et mettent toujours un léger humour à nous conter les différentes péripéties. Ils magnent avec constance l’auto dérision, ne s’apitoyant jamais sur eux-mêmes.

Ce livre est aussi une leçon de vie. Il nous donne à voir la légèreté de la vie. Nous sommes toujours le jouet des circonstances. Il faut aussi l’accepter, prendre les choses et les gens comme ils sont.

Cela se veut un portrait de la Malaisie d’aujourd’hui. Je ne sais pas s’il est fidèle mais on sent que l’auteure voue une profonde affection à son pays et qu’elle a compris que comme toute entreprise humaine, il a ses grandeurs et ses fragilités, qu’il est l’addition des forces et des faiblesses de chacun, que c’est la somme de leur folie !

Citation :

« Quand on vit à la confluence de la volonté divine et des lois de la météorologie, on se résigne à l’idée d’être submergé plusieurs jours par an »

« En vérité nous étions nombreux à préférer l’aide paresseuse de la police et des pompiers. Avec eux nous partagions un flegme convivial et une patience indulgente pour l’inefficacité. Notre malheur commun était à l’origine de vrais amitiés. »
« Le surintendant adjoint Sevaraja, dont le nez pour les anecdotes vaut celui d'un sommelier pour le vin, nous apprit que Mr Miller avait eu trois épouses avant Peggy. Ce qui raviva la légende de la quatrième épouse. Tout homme marié quatre fois et qui avait la témérité de se mettre à l'eau aurait à subir la haine de la dame du lac; avec Mr Miller, elle s'était découvert un appétit pour la chair mâle. La princesse chinoise s'était transformée en poisson-dragon.

« J’eus une discussion avec Cikgu Teh et Wong Kam à propos de la dernière voiture qu’on achetait dans une vie. Fallait-il se lâcher, terminer en beauté ? La puissance du moteur compensait-elle une testostérone déclinante ?
« Au diable, les voitures ! décréta Wong Kam. Rien ne vaut une grosse Ducati et un blouson en cuir. On ne devine pas ton âge sous un casque intégral ! ».......
Malheureusement, tout cela n’était que paroles. Wong Kam circulait toujours sur une vieille Honda Cub, sans casque et chaussé de fausses Crocs d’un rouge pétant qui se repéraient à plus d’un kilomètre. »

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