Du thé d'hiver pour Pékin - LIU Xinglong

Couverture Du thé d'hiver pour Pékin

Prix LUXUN. Cueillir du thé sous la neige... C'est l'ordre, qu'un beau jour d'automne finissant, donne un tyranneau local, soucieux de plaire à plus haut que lui, au petit chef d'un tout petit village du sud de la Chine. Cet ordre, il faudra bien l'exécuter : a-t-on le choix quand on est si pauvre, et quand les potentats du cru, petite envergure mais grandes dents, usent de chantage ? Peinture réaliste de l'état actuel des campagnes, loin des lumières de la ville, ce récit donne une image forte, sans complaisance, d'un mois de vie dans la Chine profonde, qui compte encore, nous dit-on, huit cents millions de paysans pas encore millionnaires. Il n'est pas question, ici, d'être héroïque, au sens " réaliste socialiste " du terme, et le personnage principal, Shi Debao, se contentera, comme n'importe qui, de faire ce qu'il peut pour seulement survivre. Cela ne finit ni bien, ni mal : cela ne finit pas, puisqu'il faut bien vivre, d'un lendemain qui ne chante pas, à l'autre, qui grince.

Biographie de l’auteur

Né en 1956 à Huangzhou (Hubei), Liu Xinglong commence à écrire en 1984, après avoir passé dix années (1973-1983) à travailler comme ouvrier ou paysan dans des régions reculées du sud de la Chine. Fort de sa longue expérience du travail manuel parmi le menu peuple, il voue à ces oubliés du boom économique une tendresse qui n'exclut ni le regard critique ni l'humour. De Liu Xinglong, Bleu de Chine a publié Croquants de Chine (1998), La Déesse de la modernité (1999).

Date première édition: janvier 1995

Editeur: Bleu de Chine

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 03 février 2014



Gislaine
Appréciation de lecture
Du thé d'hiver pour Pékin
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #2 du : 15 février 2014
La Chine communiste a fait couler beaucoup d'encre, après la mort du Grand Timonier.

Xinglong LIU nous raconte une histoire ubuesque où il est question de cueillir du thé sous la neige afin de faire un cadeau original à quelques membres du Parti à Pékin. Cette décision va à l'encontre du bon sens et les paysans savent bien que les théiers ne supporteront pas cette coupe et que la récolte future en sera très diminuée. Alors que faire ?

L'auteur, qui a vécu 10 ans parmi les paysans, se plait à les décrire avec humour, en train de se démener pour résoudre une situation absurde.

Un livre très agréable à lire avec une belle galerie de portraits : petits responsables locaux du Pari, arrivistes, fonctionnaires stupides, bureaucrates ambitieux ...
MB
Appréciation de lecture
Du thé d'hiver pour Pékin
Appréciation : 7 / 10
Commentaire #1 du : 03 février 2014
Ce livre nous montre les abus de pouvoir manifestés par quelques petits chefs tel un chef du 'Bourg' et bien d'autres individus qui gravitent autour de lui et les difficultés rencontrées par le personnage principal Shi DEBAO le chef d'un minuscule village. Toutes ces contraintes perturbent son quotidien et ses tentatives de décisions.

"au Bourg sévissait la réunionnite, toujours sur la brèche, les dirigeants ne cessaient de programmer missions et tâches nouvelles."
...Enfin il fut question de la tâche concrète assignée à chaque village, et Shi DEBAO tomba des nues en apprenant qu'il s'agissait de remettre au Bourg deux à trois livres de feuilles de thé...les feuilles de thé en question devraient être cueillies cet hiver, aux premières neiges...
L'énoncé de telles exigences sema la stupeur dans l'assistance, on se regardait, sidéré...On avait bien deviné que c'était la dernière trouvaille des échelons supérieurs, qui voulaient faire ce beau cadeau aux échelons encore plus supérieurs.
Le thé, d'accord, c'est toujours du thé, mais comme celui-là serait cueilli par temps de neige...les dirigeants d'en haut seraient drôlement impressionnés !
...Le thé de printemps, c'était amer ; celui d'été, c'était âpre ; le thé d'automne, ce serait bon à boire, mais on pouvait pas le cueillir ; quant au thé d'hiver, c'était encore moins la peine d'en parler ! les bêtes, les plantes, tout ça, pour bien passer l'hiver, ça faisait le plein, ça accumulait des réserves ; les choux et les raves, par exemple, passé le premier givre, ils avaient bien meilleur goût ! Et le thé, le thé, c'était pareil !

J'ai trouvé là une intéressante étude des conventions bureaucratiques chinoises.

Le style est alerte et les descriptions des paysages sont poétiques. Quelques situations sont cocasses.

précision : ce livre a été écrit à l'automne 1995, publié l'année suivante et lauréat alors du Prix LUXUN le plus important prix littéraire en CHINE. Il serait probablement bien différent s'il était écrit près de 20 ans après...

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