La veuve - ADAMSON Gil

Couverture La veuve

Canada, 1903. Mary Bolton, l9 ans, vient de tuer son mari. Poursuivie par ses beaux-frères, des jumeaux géants et roux assoiffés de vengeance, la jeune veuve s'enfuit. En chemin, elle rencontre une série de personnages hauts en couleur auxquels elle s'attache un temps avant de toujours reprendre la route. Gil Adamson bâtit un grand récit picaresque, à la fois captivant et émouvant, celui de la plongée volontaire d'une jeune femme dans les espaces du Grand Nord américain.

Biographie de l’auteur

Gil Adamson vit à Toronto. Elle est l'auteur de nombreuses nouvelles, parues dans des revues littéraires. Elle a publié deux recueils de poésie, Primitive et Ashland, ainsi qu'un recueil de nouvelles sous le titre Help me, Jacques Cousteau. Parmi les auteurs qui l'ont influencée, elle cite Michael Ondaatje, Raymond Carver, Richard Ford, et Mark Richard.
La veuve est son premier roman. Il a reçu le Drummer's General Award en 2007, ainsi que le Hammet Prize for Crime-writing et le ReLit Award en 2008.

 

Date première édition: avril 2009

Editeur: Christian Bourgois

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 7 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 03 octobre 2012



Marie-Claire
Appréciation de lecture
La veuve
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #2 du : 05 décembre 2012
Le livre est centré sur une femme, Mary, qui fuit dans le grand nord canadien pour échapper à la vengeance de ses beaux-frères. On n'apprend que peu à peu le drame de sa vie: la mort d'un enfant, le meurtre de son mari, par bribes, au fur et à mesure des nombreuses aventures qu'elle vit, dans une nature sauvage et brutale. C'est d'ailleurs l'autre grand personnage du roman.
Beaucoup de rencontres étonnantes, beaucoup d'aventures aussi mais le roman est déroutant car il évoque peu la psychologie de l'héroïne. C'est le point de vue externe qui est privilégié, ne laissant pas le lecteur pénétrer dans les méandres des sentiments. Plutôt à conseiller aux amateurs de westerns féministes
Michel-Henri
Appréciation de lecture
La veuve
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 29 novembre 2012
Un western, c'est déjà la première impression qui me vient. Il est quand même assez étonnant que l'on puisse écrire en 2007 un vrai western. C'est un genre qui décidément peut se renouveler peut-être à l'infini. L'action se déroule dans l'ouest canadien et nous sommes au début du 20ème siècle véritablement sur la frontière, celle qui sépare le monde civilisé du monde sauvage. Les "civilisés" sur cette frontière redeviennent sauvages et le monde sauvage est lentement colonisé.
Gil Adamson, l'auteure, tient absolument à nous faire pénétrer dans son intrigue par cette face là, la nature insoumise ; ses personnages sont finalement assez peu fouillés psychologiquement, ils ne sont révélés qu'à travers leurs actions et leurs réactions dans ce monde en devenir.
Mais c'est aussi et peut-être surtout un roman féministe. L'héroïne va devoir prendre prendre seule son destin en main. Elle a tué, première transgression ; d'ailleurs à la prison à la fin du livre on vient la voir parce "qu'elle" est une meurtrière :
"- Vous l'avez fait ? demanda t-il...
- Oui, répond-elle. Je l'ai fait.
- Je ne l'aurais pas cru, vu que vous êtes une fille..."

Ensuite elle va repousser l'homme qu'elle aime, comme lui l'a repoussée. Pourquoi le fait-il ? Pour ne pas renoncer à sa liberté. Et bien dans son refus à elle, il y a cette part d'insolente liberté qu'elle a désormais acquise. Elle ne le repousse pas définitivement. En un sens elle est plus libre que William qui lui a voulu rompre toute attache renonçant ainsi à l'amour ce qui peut constituer aussi une limitation à sa liberté, non, elle lui écrit ces simples mots « trouve-moi ». C'est à lui de la suivre maintenant. S'il veut d'elle, il doit la prendre telle qu'elle est, c'est à dire comme une femme libre. Quel contraste avec la jeune fille, mariée d'aventure, qui a dû suivre son mari vers une destinée qui ne lui appartenait en aucune manière !
Dans le roman, les hommes, les mâles, sont tous soumis à la tradition, à la loi. Ainsi les mineurs, brutes soumises à la superstition, les voleurs de chevaux qui ne peuvent survivre que dans le cadre du clan familial, les deux beaux-frères qui agissent plus par un devoir impérieux que par vengeance ; quand ils trouvent la veuve, ils ne la tuent pas, ils veulent la faire juger, la soumettre à la loi. Ils estimeront d'ailleurs qu'ils en ont assez fait et qu'ils sont en droit d'abandonner la poursuite.
Les quelques hommes qui vont l'aider sont des êtres à part : un pasteur atypique, un indien donc un paria dans cette société, enfin un outlaw et un nain.
Par contre les rares femmes qu'elle va trouver sur sa route vont l'aider et lui vouer peu ou prou de l'admiration. Admiration sinon pour elle-même du moins pour son courage et pour sa révolte contre ce monde d'homme.

Le récit est très bien construit. Il déroule et dévoile l'intrigue peu à peu. Il maintient une tension entre réalité et fantastique. Par moment on se demande si l'héroïne n'est pas folle ; c'est qu'elle se sent folle d'être si différente. Les scènes brèves où apparaissent les deux beaux-frères épaississent un peu plus le mystère dans la première partie du roman. Et bien sûr il y a ce parti pris du silence. Nous sommes dans un univers où les gens ne s'expriment pas ou pas directement. Le pasteur pour démontrer ses propos lors des sermons doit se servir de ses poings ! Bien que ce soit un roman de quatre cents pages, il n'est pas bavard, il est plein de silence, le silence de ses personnages. Seules leurs actions et leurs rêves les révèlent aux lecteurs.

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