L'Atelier du Tripalium : Non, travail ne vient pas de souffrance - DARRIGRAND Mariette

Couverture L'Atelier du Tripalium

Le "Travail" est une question centrale dans notre société et l'un de ses principaux thèmes médiatiques. En pleine mutation, il nous ramène également à nos besoins anthropologiques premiers. Savoir aimer et travailler résumait selon Freud, la réussite de toute vie. Hannah Arendt ajoutant que tout homme désire construire une oeuvre (opera en latin), autrement dit être "ouvrier" de sa vie. Avec cette vaste question, les choses ne sont jamais sereines.
Comme les influenceurs les plus en vue, le Travail est adulé ou détesté. Coupable de tous les maux et de toutes les "pénibilités", il est également celui que l'on pleure lorsqu'on est au chômage. Les travailleurs actuels désirent partir dès que possible à la retraite, mais dès qu'ils y sont, ils entament mille activités. L'oisiveté à l'antique, le droit bohème à la paresse sont remplacés par le workaholisme.
Avec le télétravail, le bureau n'est plus nécessaire, pourtant la robe de bure d'où il vient étymologiquement semble toujours à la mode. Fort heureusement, contre tous ces maux, les mots sont là. Ils nous ouvrent des horizons. Ils nous aident à repérer les paradoxes, à comprendre les récits, à formuler les hypothèses. L'une d'entre elles, à titre d'exemple : quand nous disons Je vais taffer et non pas Je vais worker, est-ce parce que nous refusons l'anglicisme ou parce que nous gardons inconsciemment la mémoire du Taf, le butin du corsaire ? En explorant l'éco-système du Travail - ses synonymes, ses antonymes, ses versions étrangères, ses ancêtres ou ses jeunes pousses -, ce livre donnera quelques conseils de tri sémantique.
À commencer par celui-ci : gardons la racine indo-européenne qui donne aussi bien en ancien français, Trabs, la poutre du bois qui "travaille", que Trieb en allemand, la pulsion désirante ou en anglais Travel, le voyage... Mais refusons l'étymologie inventée par les moines du Moyen Âge avec leur fameux Tripalium... Le livre s'attachera ainsi à montrer que le Travail, le plus souvent négatif dans nos représentations, peut être joyeux.
Baudelaire avait choisi, lui qui disait : "Le travail est encore la façon la plus amusante de passer sa vie".
   

Biographie de l'auteur

Mariette Darrigrand, est sémiologue chargée de cours à Paris 13 sur les métiers du livre, elle tient une chronique dans l'émission de radio "Le secret des sources" (France Culture), participe régulièrement à l'émission "Deshabillons-les" sur La Chaine Parlementaire et tient blog sur le site du Nouvel Obs

Elle est l'auteur de "Comment les médias nous parlent (mal)".

Date première édition: mai 2021

Editeur: Des Equateurs

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 21 novembre 2024



Marinette
Appréciation de lecture
L'Atelier du Tripalium : Non, travail ne vient pas de souffrance
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 22 novembre 2024
La 4eme de couverture est très parlante : ´On nous répète que le travail peut être toxique, qu’il vient de cet instrument de torture, le tripalium… C’est dans tous les bouquins de management ‘.

Et effectivement, c’est ce que j’ai souvent entendu en formation RH, durant ma vie professionnelle, justifiant ainsi sa pénibilité.
L’auteur Mariette Darrigrand, sémiologue, refuse cette image suppliciante. Elle propose de faire remonter « travail » à travée, trabs, désignant des hautes futaies, ou la coque d’un bateau.
Ce livre-essai est un voyage en étymologie, qui nous détourne de ce qui est communément admis pour confondre le travail avec voyage (travel en anglais), œuvre, éthique ou encore oisiveté…

Un excellent moment pour les amateurs de cette science, loin d’être une science exacte !

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