5ème Nuit de la lecture - "Le corps" à Semoy avec la participation de
L’École de Musique - Les Amis de la Bibliothèque
Centre culturel
À quoi sert la tête ?
- Les plus grands sages de Semoy discutaient un jour de l’utilité de la tête.
- Je comprends parfaitement que l’homme ait besoin de mains pour saisir des objets.
- de pieds pour marcher,
- d’oreilles pour entendre,
- d’yeux pour y voir,
- d’un nez pour sentir,
- de la langue pour goûter,
- de dents pour mordre,
- de la bouche pour parler,
- mais pourquoi a-t-il besoin de sa tête ? Ça, je ne le comprendrai jamais !
- Idiots que vous êtes, si l’homme n’avait pas de tête, comment ferait-il pour porter son chapeau ?
Monologue d'Anne Poiré (avec son autorisation) lu par Catherine et Michel-Henri
J’ai du mal à comprendre pourquoi l’aiguille s’obstine à grimper. Elle oscille, tremblote, puis s’arrête, du côté du repère supérieur.
J’extrapole pour ce qui est des poussières. Le trait intermédiaire, moins long que celui des dizaines, me permet d’évaluer les dégâts.
Je surveille : ouf, mon poids faiblirait-il ? C’est que mon pèse-personne est déréglé. Je le remets sagement à zéro, j’attends que la flèche cesse de frissonner, et j’avance à nouveau le mollet. Je guette, le cœur battant, mon front trempé d’une sueur inquiète. Le bilan n’est jamais favorable.
Chaque matin, et parfois l’après-midi, voire parfois le soir... mon pèse-personne me jette un regard étonné. Il fronce les sourcils. Il sursaute. Il tremble, si je me hisse ou descends trop rapidement. Il est secoué de vibrations, lorsque j’éternue.
Ou si je me fâche tout rouge, devant les indications écrites en caractères gras – extra-large -, sur son gigantesque écran transparent, rétro-éclairé, il se rebelle.
Moi aussi ! Des chiffres, toujours des chiffres. Des additions, des multiplications...
Jamais un petit poème : il pourrait varier le programme !
Ceci dit, même si l’échelle graduée constitue en un sens le pire des indicateurs, il ne me fait pas chanter, ni n’accumule les réprimandes.
P. : Un jour, je me promenais comme ça dans la rue… Tout à coup, je rencontre un grand metteur en scène ; il me dit :
F. – Voulez-vous faire du cinéma ?
P. – Si c'est possible ?
F. : Voilà, mon film s'appelle : "Si l'argent m'était conté". Il y a un caissier qui lève le pied, voulez-vous le remplacer au pied levé ?
P. : Si c'est possible ?
F. : Venez demain matin à 9 heures au studio.
P. : Le lendemain, j'arrive au studio, il me dit :
F. : Marchez un peu… pour voir.
P. : Je marche
F. : Tournez-vous !
F. : Très bien, Déchaussez-vous !
P. : Comment ?
F. : Déchaussez-vous !
P. : Non, non… Moi je me suis chaussé ce matin, c'est pour la journée… Il faut attendre ce soir.
F. : Je vous demande de vous déchausser.
P. : J'enlève ma chaussure.
F. : Vous avez un pied extraordinaire ! Ça fait des mois que je cours après un pied comme le vôtre.
P. : Eh ben, il est là !
F. : Je savais bien qu'il devait être quelque part… Amenez votre pied droit au studio, nous, on fournit la chaussure.
P. : Et le gauche ?
F. : Il n’y a que le droit qui nous intéresse.
P. : Moi, c’est les deux ou rien.
F. : Bon… Amenez le gauche aussi, mais je ne pourrai lui donner qu’un défraiement.
P. : Bon, d’accord. Alors, au studio, il me dit :
F. : Voilà le sujet : vous avez un pied-à-terre… et vous l’échangez contre un appartement. Vous avez compris ?
P. : Oui, oui… (J’étais dans mes petits souliers). De quoi est-il question ?
F. : J’ai besoin d’un gros plan de votre pied nu qui dépasse de la couverture.
P. : C’est de tout repos !
F. : Pas tellement… parce qu’il faut que l’on sente dans votre pied une certaine angoisse.
P. : Je vois ! Il vous faut un frémissement ?
F. : C’est ça! Sensationnel ?! Vous êtes rentré de plain-pied dans le rôle.
P. : Alors depuis, je n'ai pas arrêté. J'ai tourné : "Le pédicure assassin" ! C'est avec ça que j'ai eu l'oscar. Une critique ? !…
(Talons exceptionnels !... Pied sensible !... Merveilleusement incarné !)
P. : Ensuite, j’ai tourné "Un pied dans la tombe"… Là aussi, les gens ont dit :
"Le film est mortel ! Mais… quel est donc ce pied que l’on voit au premier plan… et qui vous prend aux tripes ?... On dirait qu’il va causer !"
P. : Et ce matin, je reçois un coup de fil d'un grand metteur en scène qui me dit :
F. : Voilà, je tourne "Si tous les pieds du monde voulaient se donner la main", avez-vous un pied de libre ?
P. : Oui, j'ai le gauche !
F. : Peut-il tourner en extérieur ?
P. : Non… Ah ! Non… J'ai déjà le pied droit qui tourne à l'intérieur, si vous me faites tourner le pied gauche à l'extérieur, moi vous me mettez dans une position fausse.
F. : À propos, vous chaussez du combien ?
P. : Du 43.
F. : Oh ? ! Là là !... C'est beaucoup trop long pour un court métrage ! Pensez… du 43… Non, ce qu'il me faut, c'est un 37 fillette.
P. : Un 37 fillette ? Oh, ben alors, demander donc à ma sœur… Et j’ai raccroché.
MH : "Mesdames et Messieurs, si vous voulez bien me prêter une oreille attentive… " Quelle phrase ! Voulez-vous me prêter l’oreille ?
C. : Il paraît que quand on prête l'oreille, on entend mieux.
MH : C'est faux ! Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd, il n'entendait pas mieux ! Il y a des phrases comme ça... Par exemple, j'ai ouï dire :
C. : Qu’il y a des choses qui entrent par une oreille et qui sortent par l’autre.
MH : Je n'ai jamais rien vu entrer par une oreille et encore moins en sortir ! Il n'y a qu'en littérature qu'on voit ça.
C. : Dans Rabelais, nous lisons que Gargamelle a mis Gargantua au monde par l'oreille gauche.
MH : Ce qui sous-entend que par l'oreille droite... il devait se passer des choses ! Des cris et des chuchotements ! De quoi vous faire dresser l'oreille ! Alors, on me dit :
C. : "Mais monsieur, quand on parle de choses qui entrent par une oreille et qui ressortent par l'autre, on ne parle pas de choses vues mais de choses entendues".
M.H : J'entends bien ! Un son peut entrer par une oreille, mais il n'en sort pas ! Par exemple, un air peut très bien entrer dans le pavillon de l'oreille. Une fois entré, il n'en sort plus ! Je prends un air au hasard, un air qui me traverse... la tête
MH : Eh bien, dès qu'il est entré dans le pavillon, il n'en sort plus, c'est fini ! C'est ce qu'on appelle une rengaine.
Une rengaine, c'est un air qui commence par vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir par... les yeux.
Mon pèse-personne et moi
Monologue d'Anne Poiré, lu par Pascale et Patrick
Pascale : Néanmoins, depuis quelque temps, mon pèse-personne reste à distance. Serions-nous en froid ? Je le scrute, en coin. Il soupire. Il s’isole. Derrière ma nuque, je sens sa présence muette. Je m’approche, je le caresse, l’effleure. Pour un peu, il ronronnerait. Mais mon pèse-personne n’est pas un chat, il ne fait pas le gros dos. C’est moi qui miaule, et griffe, quand je découvre le montant vertigineux qu’il affiche ! Je change de pièce, vite. Nous retournons à nos deux solitudes.
Patrick : Mon pèse-personne, depuis qu’il sait lire, s’amuse des titres athlétiques, qu’il déchiffre, sur le bord de ma baignoire. Magazines abandonnés : Comment vous débarrasser de vos poignées d’amour ? Retrouvez la ligne de votre jeunesse. En maillot de bain cet été : c’est possible ! Mon pèse-personne est déprimé. Il se sent triste. Il n’est pas reconnu. Il n’est nullement félicité, pour les efficaces et loyaux services qu’il rend si vaillamment. Depuis des années. Souvent même plusieurs fois par jour ! Avant le repas, après être allée à la selle, le matin, à jeun, au coucher... Bref, pas un compliment, toujours des simagrées. Je lui reproche sans cesse les irréfutables données qu’il aligne sauvagement : jamais, je ne le loue pour sa fidélité. Il se rembrunit, rien que de repenser à tous ces mots dont je l’assomme. C’est que du vocabulaire, j’en ai ! Presque autant que des grammes. Lui privilégierait d’autres termes : plus tendres.
Jeux de mains
texte de Raymond Devos, lu par Christine, Félicie et Patrick
Un jour, dans un salon... je bavardais... avec des gens. J'avais les deux mains dans mes poches, et tout à coup... alors que j'avais toujours les deux mains dans mes poches... je me suis surpris en train de me gratter l'oreille.
Là, j'ai eu un moment d'angoisse.
Je me suis dit ! "Raisonnons calmement... De deux choses l'une ! Ou j'ai une main de trop... et alors j'aurais dû m'en apercevoir plus tôt... ou il y en a une qui ne m'appartient pas !"
Je compte discrètement mes mains sur mes doigts... et je constate que le monsieur qui était à côtè de moi, et qui apparemment avait les deux mains dans ses poches, en avait glissé une dans la mienne par inadvertance...
Que faire ?
Je ne pouvais tout de même pas lui dire :
- Monsieur ! Retirez votre main de ma poche !...
ça ne se fait pas !
Je me suis dit : "Il n'y a qu'une chose à faire, c'est de lui gratter l'oreille. Il va bien voir qu'il se passe quelque chose d'insolite."
Je lui gratte l'oreille... et je l'entends qui murmure !
- Raisonnons calmement ! De deux choses l'une ! Ou j'ai une main de trop... et alors j'aurais dû m'en apercevoir plus tôt... ou il y en a une qui ne m'appartient pas !
Et il a fait ce que j'avais fait.
Il a sorti sa main de ma poche... et il s'est mis à me gratter la jambe !
Que faire ?
Je ne pouvais tout de même pas lui dire :
- Monsieur ! Cessez de me gratter la jambe !
Il m'aurait répondu :
- Vous me grattez bien l'oreille, vous !
Et il aurait eu raison...
Et puis, ça ne se fait pas !
Et, subitement, j'ai réalisé que ma poche était vide puisqu'il en avait retiré sa main.
Je pouvais donc y remettre la mienne !
Lui remettrait la sienne dans sa poche, et chacun y trouverait son compte.
Je retire ma main de son oreille... que je n'avais plus aucune raison de gratter... ça ne se justifiait plus... ! et comme je m'apprêtais à la glisser dans ma poche, il retire sa main de ma jambe... et la remet dans ma poche à moi !
Ah ! l'entêté !
De plus, moi, j'avais une main qui restait en suspens !
Hé !... où la mettre ? C'est qu'une main, ça ne se place pas comme ça ! Ah ! j'ai dit : Tant pis !...
Et je l'ai fourrée dans sa poche à lui !
Il est certain que, momentanément, cela équilibrait les choses ! Mais !... et c'est ce que je me suis dit : "Tout à l'heure... quand on va se séparer... il va se passer quelque chose !"
Eh bien, mesdames et messieurs, il ne s'est rien passé. Il est parti avec ma main dans sa poche !
Alors moi... j'ai couru derrière, je l'ai rattrapé, je l'ai insulté, il m'a insulté... et, petit à petit, on en est venus aux mains !
Quand il a sorti ma main de sa poche, je l'ai récupérée au passage, et je lui ai flanqué la sienne à travers la figure en lui disant :
- Monsieur ! Nous sommes quittes !
L’œil, l’oreille, la main et le pied
conte lu par Pascale, Félicie, Christine, Patricia et Patrick
Pascale : L’œil, l’oreille, la main et le pied, s’en allèrent un jour tous les quatre en brousse. Tout à coup, l’oreille entendit un bruit, l’œil vit un animal, le pied se mit alors à le poursuivre, et quand ils approchèrent de la bête, la main l’attrapa, la tua et lui lia les pattes pour la transporter.
F. : L’oreille dit : - C’est moi qui ai entendu le bruit, l’animal m’appartient donc.
PATRICK : Le pied protesta : pourquoi serait-il pour toi ? Tu as bien entendu le bruit, mais tu n’es pas allé attraper l’animal, il est donc à moi.
Ch. : Et la main de s’interposer dans le débat : - c’est mon droit de l’avoir, puisque, sans moi, vous ne l’auriez jamais eu ; car c’est moi qui l’ai tué.
PATRICK : Le pied, qui n’était pas d’accord, dit à son tour : - Si c’est toi qui as tué l’animal, ce n’est toujours pas toi qui as couru !
Pascale : Pour un peu, ils allaient en venir aux mains. Ils finirent par dire : - Rentrons pour régler notre affaire, les vieux feront justice !
F. : En chemin, l’oreille se mit à chanter
Si l’oreille n’avait pas entendu le bruit,
Que se serait-il passé ?
L’œil aurait-il vu ce qui se passait ?
Si le pied n’avait pas couru
Est-ce que la main aurait pu attraper la proie ?
Pascale : Et quand ils arrivèrent devant la maison du chef, l’oreille reprit sa chanson. Le tribunal prit place, et les quatre plaignants racontèrent leur histoire. Tout à coup, le moustique qui était l’adjoint du chef, se leva et trancha :
Patricia : - L’animal est à l’oreille.
Pascale : Le pied, la main et l’œil, s’en allèrent avec beaucoup de tristesse. Pendant la nuit, le moustique vint chez l’oreille et lui répéta pour avoir un cadeau :
Patricia : - L’animal est à toi !
Pascale : Lorsque la main entendit cette voix, elle chassa l’insecte en disant :
Ch. : - Va-t’en d’ici avec tes radotages.
Pascale : Chaque fois que le moustique vient près de l’oreille pour réclamer sa dette, la main le chasse. C’est depuis ce temps-là que l’homme chasse les moustiques de sa main.
Mon pèse personne et moi
lu par Christine et Patricia
Christine : C’est une redoutable crise de neurasthénie que traverse mon pauvre pèse- personne surmené. Il décide que cela suffit, désormais. L’insoumis ! Il invente son happy end ; choisit la grève des pèse-personnes. Quand je monte sur lui, il bande ses muscles, retient son souffle, il ferraille, bataille, et poum ! La tige reste bloquée. Je l’agite. Je le remue, lui inflige le mal de mer, à le molester. Lui ne supporte plus mes jérémiades, mes cris, mes colères. Il m’observe, qui grimace chaque jour, lorsque je mesure les dommages.
Patricia : Je m’évertue à le dresser : il ne peut résister à toutes ces cajoleries, et reprend, mollement, du service. Obéissant. Soit : je n’admets pas qu’il demeure impassible ? Eh bien, d’accord ! Le voilà qui triche. Juste ce qu’il faut. Hélas, trois fois hélas, uniquement le chouïa coquin. Quand j‘avoisine les 80, il ne stoppe son inspiration qu’à 76, et je souris un tantinet, soulagée... Ma masse de matière augmente, l’aiguille diminue. Le pèse-personne m’induit en erreur, et je ne m’en aperçois pas. Trompeur design extra-plat (pas comme mon estomac). N’oublions pas qu’à l’occasion je me rends chez sa cousinette, la bascule du docteur. Cette dernière a dès le début été détraquée, elle abuse. Je ne m’en soucie guère. Jusqu’au moment où... tous mes vêtements, fermetures et boutons, explosés, gisent au sol ! Je n’entre dans plus rien ! Même les jupes élastiquées, les tissus souples et généreux, ne m’accueillent plus. Je déborde de partout ! Mon pèse-personne en néglige de me berner, l’obélisque s’envole... pousse et vibre, se trémousse, se déhanche et s’affole : 100 !
L’état de poussière
lu par Marie-Claire, Patricia, Pascale et Patrick
Voix off pour "tu n’es que poussière"
M.C. : Mesdames et Messieurs, si je vous disais qu’il y a quelque temps, je suis redevenu poussière ! Souvenez-vous de la phrase :
Pascale : - "Tu n’es que poussière et tu retourneras à la poussière".
M.C. : Vous ne me croiriez pas, vous diriez : - Il a un grain ! - Et pourtant si, Mesdames et Messieurs, je suis redevenu poussière ! Oh ! Pas longtemps, Dieu merci… parce que c’est une rude épreuve ! Figurez-vous qu'il y a quelques temps, je reçois un coup de téléphone du ministère de l'Environnement :
Patricia : - Allô, Ici le ministre de la Qualité de la vie. Alors, sur le plan de la pollution, ou en êtes-vous ?
M.C. : - Pour moi, il n'y a rien de changé ! Pourquoi ?
Patricia : Vous ne faites jamais appel à mes services d'assainissement.
M..C : - Parce que je suis sain de corps et d'esprit !
Patricia : - D'esprit peut-être, mais de corps, ça m’étonnerait ! Parce que, depuis le temps que vous respirez les vapeurs d'essence et autres émanations malsaines, votre organisme doit être pollué jusqu'à la moelle des os !
M.C. : Il m'a fait peur !- Que faut-il que je fasse ?
Patricia : - Allez donc prendre l'air sur la route de Dijon : "La belle digue digue, la belle digue, don" !
M.C. : Je me dis :
"Il doit avoir raison. J’ai peut-être besoin de m’oxygéner ! Je vais aller à la campagne » !
M.C. : Comme je descendais du taxi qui m'y avait conduit ... Ah... L'air pur... Je suffoquais ! …
Je manquais d'oxyde de carbone ... J’ai eu envie de me précipiter sur le tuyau d'échappement pour…Ah !...
Mais manque de pot ... J’ai entendu la voix du chauffeur qui disait :
Patrick : ? - Dites donc, ça n'a pas l'air de gazer !
M.C. : Juste le mot qu'il ne fallait pas prononcer ! J'ai vu son compteur devenir bleu ... je suis devenu blême et quand il a mis les gaz ... BOOM ! J'ai explosé, littéralement explosé ... et je suis retombé en poussière ! ... Rude épreuve ! Quand on se voit sur la route de Dijon, réduit à l'état de poussière, on a beau se dire : "La belle digue, digue, la belle di ..." Le moral est à plat ! Je me disais :
Pascale : "Il faut que tu te secoues !"
M.C. : Et puis, à la réflexion, je me disais :
Pascale : " Non ! Si tu secoues ta poussière… elle va s'éparpiller ! Au contraire ... rassemble tes esprits ! Concentre-toi ! "
M.C. : Je me suis concentré, et à force de me concentrer, j'ai réussi à me mettre en tas ! Un petit tas de poussière ! C'était déjà ça !… Je me disais :
Pascale : "Bon ! Je suis inscrit à la Sécurité sociale... D'accord ! … Mais, est-ce qu'elle rembourse les poussières, la Sécurité sociale ? Sûrement pas ! Elle va me considérer comme un déchet !"
M.C. : Et cette pensée a eu pour effet de me mettre en boule. C'était mieux qu'en tas ! Parce qu'en tas, j'étais figé ... Tandis qu'en boule, je pouvais évoluer, rouler à droite, à gauche, de-ci, de-là, pareil a la feuille morte ! Et le vent, me laissa tomber, subitement au beau milieu d'un carrefour, aux pieds mêmes d'un agent de police ! C’est là que, matière inerte, je ressentis, oh d'abord confusément, les premiers effluves des vapeurs d'essence ! Oh ! La vivifiante odeur de fuel qui chatouillait maintenant mes narines ; Car la fonction créant l'organe, mes narines s'étaient reconstituées. Oui, je crois que dans cette reconstitution, je fus d'abord une paire de narines émergeant d'un tas de poussière, Enfin… sitôt rentré chez moi, j'ai appelé le ministre de l'Environnement et je lui ai dit que : "Tel le Phénix renaissant de ses cendres, je venais de renaître de ma poussière. "
Patricia : - Ne touchez à rien ! J'arrive !
M.C. : Deux heures plus tard, on sonne ...j’entends une voix étouffée derrière la porte comme un ballon d’oxygène qui se dégonfle.
Patricia : Ouvrez ! Ouvrez vite ! C'est le ministre de la Qualité de la… vi…. ie…
M.C. : J'ouvre… Personne dans les environs ! À mes pieds ... il y avait un petit tas de poussière...
À côté d'un portefeuille ! Je ne jurerais de rien, hein ! Mais un ministre qui arrivait directement de sa campagne devait être allergique à l'air vicié de Paris !… Enfin ... à tout hasard, j'ai recueilli la poussière, je l'ai glissée dans le portefeuille Et je l'ai expédiée au grand air … "Sur la route de Dijon, la belle digue, digue, la belle digue, don !"
Culture mimique
texte de Raymond Devos, lu par Patrick et Christine.
P. : Il y a des gens qui me disent :
Ch. : - Comment faites-vous pour garder cette sveltesse ? Vous devez faire de la culture physique??
P. : Pas du tout ! Je me contente de me promener dans les rues aux heures de pointe ! C’est un exercice fabuleux ! Essayez… vous allez voir ! (Patrick marche)
P. : Tout travaille !
Traverser une rue : J’y vais ? Je n’y vais pas ! Je n’ai pas le temps ! Tout travaille ! Regardez ! Tout travaille ! Je le refais au ralenti pour que vous voyiez mieux le travail des muscles.
Si vous voulez travailler les muscles séparément… Rien que les abdominaux ?
(Il sort le ventre). J’y vais ?
(Il le rentre). Je n’y vais pas !
(Il sort le ventre) Là, je passe !
(Il le rentre). Je ne passe pas !
Le ventre a déjà fait en pensée trois fois l’aller et retour alors que les pieds sont toujours sur le trottoir ! À un moment, il faut se décider !
Allez, je traverse ! Hop !
(Il rentre brutalement le ventre en exécutant un petit saut arrière)
Vroum ! Une trottinette qui vient de passer !
Vous avez vu le mouvement ? Plus de ventre !
Alors, il y a des gens qui me disent :
Ch. : - Si ça fait tomber le ventre, d’où vient que le vôtre soit si proéminent ?
P. Parce qu’il est bien rare si, après qu’une trottinette vous a "vroum" par-devant, il n’y ait pas une voiture qui vous "vroum" par-derrière ! Comme il y a toujours moins de trottinettes qui vous "vroum" par-devant que de voitures qui vous "vroum" par-derrière, c’est le ventre qui domine !
Mon pèse personne et moi
lu par Félicie et Marie-Claire
Marie-Claire : 100 (cent). Furieuse, je m’emploie à insulter mon pèse-personne. Quoi ? Une tonne ? Indigné de tant d’injustice, - quelle exagération ! -, il se met à.… larmoyer ! Jamais je n’ai vu mon pèse-personne pleurer. Je m’étonne, sidérée. Je le regarde, touchée. Serait-ce non un ennemi, mais un ami ? Il se sent si seul... Il voudrait tant être estimé. Flatté. Qu’on le félicite pour l’apport fondamental dont il fait preuve. Un encouragement, un mot doux. Il sanglote à nouveau. Interloquée, je le couve des yeux. Je désire l’aider. Il me répond que non, il conviendrait d’abord que je m’aide moi-même. Parole énigmatique.
Ébranlée, je me mets à réfléchir. J’ai faim. Le pèse-personne soupire.
Tu n’as rien pigé ! me souffle-t-il.- C’est d’un nutritionniste, dont j’ai besoin, me déclare-t-il.
Félicie : Il me fait de la peine. Par amitié pour lui, mon pèse-personne si malheureux, j’accepte d’aller en consulter un. Non, ce n’est pas pour moi, que j’entreprends cette démarche. C’est juste pour lui ! Je contacte un sauveteur qui veut bien voler à son secours ! Pas un pèse quelqu’un... un médecin !
Il est très compétent. Il m’explique que je n’ai rien à gagner, à me gaver, à gonfler, à entasser. Mieux vaut déguster ! Puis il exige que j’achète... mais oui ! Une balance... ... de ménage ... pour que je réapprenne à doser.
Félicie : De plus en plus souvent, c’est avec jubilation que je m’extasie : Super, non seulement j’ai perdu tous ces kilos superflus, mais je crois bien, oui, que là, c’est confirmé, me voilà parfaitement stabilisée ! Depuis mon achat, mon pèse-personne a retrouvé le sourire. La splendide balance, à proximité, lui tient compagnie. Il n’est plus seul, la nuit.
Applaudissements et repas partagé bien mérité !
*-*-*
Bravo à tous les intervenants (musique, lecture, chant, organisation, technique, décors et accueil)
qui ont contribué au succès de la soirée.
Merci à la soixantaine de personnes pour leur présence qui nous a fait chaud au cœur. MERCI.