LES AMIS DE LA BIBLIOTHÈQUE DE SEMOY
vous racontent leur voyage à Chartres
à la découverte de l’atypique Maison Picassiette, de la Cathédrale médiévale
et du Parc des Bords de l’Eure.
C'était dimanche 29 juin 2025, sous un soleil généreux !
--- Maison Picassiette - Vue aérienne par la ville de Chartres ---
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Raymond Isidore a fait de sa maison un art brut.
Il est un pionnier du mouvement naïf en architecture. Sans dessins préalables, il représente, en mosaïques, des éléments personnels ou imaginaires, des souvenirs ou des symboles. Sa maison, souvent appelée la Maison Picassiette, est ornée de morceaux de faïence et de verre, récupérés sur le bord des chemins puis coulés dans le béton. Chaque mosaïque raconte une histoire.
Une rencontre insolite
Suivez la guide ...
Raymond Isidore est né à Chartres le 8 septembre 1900.
Il est le 7eme enfant (sur 8) d'une famille modeste. Il devient aveugle à l’âge de 2 ans. Son père violent et alcoolique décède en hôpital psychiatrique en 1910. Sa mère est très pieuse. En 1910, il a 10 ans et retrouve miraculeusement la vue dans la cathédrale de Chartres
Il reçoit une formation scolaire rudimentaire.
En 1924, il rencontre Adrienne Rolland, lingère, son aînée de onze ans, veuve et mère de trois enfants. Ils se marient en 1924 à la mairie et en 1925 à la cathédrale.
Raymond exerce plusieurs métiers aux revenus modestes. Il travaille comme mouleur de fonderie. Il est proche des communistes et lit l’Humanité. Puis, il travaille comme chauffeur du tramway à vapeur sur la ligne Chartres-Angerville,
Il change souvent d’emploi et est souvent révolté par l’injustice.
Il devient propriétaire en 1929 d'un terrain rue du Repos sur lequel il va construire une maison avec l’aide financière de l’État (La loi Loucheur de 1928 favorise l’habitation populaire et exige que la construction n’excède pas 2 ans).
La demeure comporte 3 petites pièces : une cuisine/salle à manger, un tout petit salon et une chambre.
-- Petit salon et cuisine --
"J’ai d’abord construit ma maison pour nous abriter.
La maison achevée, je me promenais dans les champs quand je vis par hasard, des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et leur scintillement.
J’ai trié le bon, jeté le mauvais. Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l’idée me vint d’en faire une mosaïque, pour décorer ma maison.
Au début, je n’envisageais qu’une décoration partielle, se limitant aux murs". Raymond Isidore
En 1933. Le tramway est remplacé par des cars, on lui propose une place de conducteur, il refuse de peur d'écraser les gens. Au chômage, il tente plusieurs expériences dans le commerce.
1936. il est nommé cantonnier. Il apprend seul à jouer de l'accordéon et tient une guinguette dans son jardin, sportif, il joue au football et crée l'amicale des marcheurs sur Chartres.
-- La chambre : Mosaïques et Fresques --
1939. Il est mobilisé puis réformé. Il travaille dans un entrepôt de charbon, puis devient machiniste deux ans pour le Théâtre municipal.
--- les pigments : la couleur bleue domine ---
1949. Problème au travail. Il est renvoyé, s'ensuit une crise et il doit faire un séjour en psychiatrie. Plus tard, il travaille comme balayeur de cimetière
Incompris, moqué, considéré comme un drôlet, on le surnomme Pique-assiette.
1952. Sa maison est terminée, décorée à l'intérieur comme à l'extérieur, il marque une pause, c'est aussi la date d'une première publication sur "Picassiette"
1953. Robert Doisneau, photographe de renommée internationale, réalise un reportage photographique.
1956. il achète un terrain voisin qui lui permet de doubler sa surface, il poursuit son œuvre : une chapelle, une maison d’été et décore son jardin.
1958. Il démissionne pour raison de santé, laisse libre cours à son art.
Raymond Isidore est un autodidacte. Son inspiration se trouve dans son quotidien : Chartres, La porte Guillaume, le mont Saint-Michel (images du calendrier des Postes), le cimetière, ses parents, Adrienne sa femme, mais aussi dans ses convictions et rêveries (fleurs bleues, pâquerettes, la nature, la beauté ...) et dans ses croyances religieuses (le monde céleste).
1960. Sa santé se dégrade rapidement
puis l'inspiration semble se tarir, Raymond se retrouve désœuvré
La Ville souhaite réaliser un vaste projet immobilier social, exproprié, il perd son potager, sa maison et son verger sont sauvés de justesse.
1962. Adrienne s'occupe des visites de la maison. Raymond perd la tête, se prend pour le descendant du Christ. Il construit le tombeau de l’esprit, son ultime réalisation.
1964. Les crises se succèdent, il perd la raison...
--- La Palestinienne ---
5 septembre 1964. Raymond Isidore demeure introuvable, jusqu'à ce qu'un quelqu'un l'aperçoive le lendemain, agonisant sur le bord de la route, il est ramené chez lui et décède au petit matin le 7 septembre (veille de son anniversaire). Il a 64 ans.
1979. Sa veuve quitte la maison pour vivre en maison de retraite.
1981. La Ville de Chartres achète la Maison.
1983. La Maison Picassiette est classée Monument Historique.
33 ans à bâtir, décorer, après ses journées de travail,
29 000 heures,
4 millions de débris de vaisselle,
15 tonnes !
Une petite photo pour immortaliser cette passionnante visite sous un soleil de plomb !
L'après-midi se poursuit au centre-ville de Chartres pour visiter la superbe cathédrale de style gothique.
--- La cathédrale aujourd'ui en 2025 ---
En 1836, un incendie accidentel détruit l'ancienne charpente en bois. La toiture est reconstruite en fonte de fer avec une couverture en cuivre qui demeure aujourd'hui une des particularités de la cathédrale de Chartres.
Jean Moulin a été préfet d'Eure-et-Loir du 22 février 1939 au 2 novembre 1940.
La cathédrale Notre-Dame de Chartres fut construite entre 1190 et 1220. Elle attirait les pèlerins des quatre coins du monde. La cathédrale, qui a accueilli le couronnement du roi Henri IV de France, est classée au patrimoine mondial par l'UNESCO en 1979.
Chartres est un important centre chrétien depuis au moins le 4eme siècle. Elle fut détruite puis reconstruite plusieurs fois. Celle-ci, du 13eme siècle, est la 3eme, dédiée à la Vierge Marie, car elle contient une relique célèbre : la Sancta Camisia, un tissu que Marie est censée avoir porté quand elle donna naissance à Jésus-Christ.
Puis, nous cherchons un peu de fraicheur dans le parc des Bords de l'Eure.
Eau fraiche et biscuits sont les bienvenus !
Ainsi s'achève la 14eme sortie "Maison d'écrivain / artiste". Souvenez-vous, l'an dernier, nous avons dû annuler la sortie Georges Sand pour cause d'élections législatives.
Merci aux participants qui nous ont fait confiance.
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Pour aller plus loin : sources et documentation
https://www.maison-picassiette-chartres.com/
https://www.chartres.fr/patrimoine-historique/maison-picassiette-raymond-isidore
https://www.salutbyebye.com/france/maison-picassiette-chartres/
https://whc.unesco.org/fr/list/81/
À très bientôt 
Les Amis de la Bibliothèque vous remercient pour votre passage sur leur site.